17/12/2012
Questions CFDT au CE Auchan Centrale du 22/11/12
CFDT : Il existe dans certains services une fonction de « coordinateur » tenue par des salariés au statut Employé. Ceux-ci reçoivent des employés en entretient individuel, les réprimandent éventuellement sur la qualité de leur travail, leurs charges, leurs conversations ou leur temps de travail…
Cela relève-t-il bien de la fonction ? Si oui, ne devraient-ils pas passer agent de maitrise ?
DRH : Nous avons bien noté la question. Cependant pour la traiter il nous est nécessaire d’avoir plus d’information, quel service est concerné ? Si effectivement de telles pratiques se mettent en place, nous ferons un rappel aux managers concernés, une fois identifiés, qu’il est de leur responsabilité de manager, d’accompagner, de sanctionner, de faire les remarques nécessaires éventuelles. Cette responsabilité ne peut se déléguer.
Commentaire CFDT : La DRH sait très bien que cela se fait notamment au CSP Compta fournisseurs puisque nous le lui avons signalé en octobre…
Egalité professionnelle
CFDT : Les entretiens de recrutement sont-ils mené autant par des hommes que par des femmes ?
Quelle est la répartition précise ?
DRH : A Auchan, tout responsable peut-être amené à recruter, et ce en plus des équipes ressources humaines et recrutement dont c’est une partie de la mission. Aucune étude, ni statistique n’est menée en terme de nombre d’entretiens, et du sexe des responsables ayant participé au circuit de recrutement.
Commentaire CFDT : Auchan écrit dans l’accord égalité professionnelle que les entretiens seront menés autant par des hommes que par des femmes « dans la mesure du possible » (ce qui n’est déjà pas un très fort engagement) mais de plus n’a aucun moyen de suivre cela ! Un bel exemple de poudre aux yeux qui confirme ce que l’on disait de cet accord. Celui-ci venant à expiration, la renégociation est ouverte. Espérons que le prochain contiendra de vrais engagements.
CFDT : Quelle est la moyenne en temps de promotions des hommes et des femmes dans chaque catégorie de l’entreprise (sur 5, 10, 15 ans et plus) ?
DRH : En reprenant les éléments présentés lors des précédentes commissions en termes de promotions internes, on note :
· Passage Employés à Agent de maîtrise en 2006 : 81.6% de femmes / en 2010 : 68.8% de femmes / en 2011 : 87.5% de femmes
· Passage employés et agents de maîtrise à Cadres en 2006 : 44.3% de femmes / en 2010 : 73.33% de femmes / en 2011 : 52.63% de femmes
· Au global sur l’ensemble des promotions on a en 2006 : 63.2% de femmes / en 2010 : 71.0% de femmes / en 2011 : 72.1% de femmes
En parallèle, le taux d’embauche en CDI des femmes sur les 3 années représente :
Pour les employés en 2006 : 83.3% / en 2010 : 90.5% / en 2011 : 93.1%
Pour les agents de maîtrise en 2006 : 20% / en 2010 : 66.7% / en 2011 : 63.6%
Pour les cadres en 2006 : 40.8% / en 2010 : 47.8% / en 2011 : 53.1%
Commentaire CFDT : Cela ne répond pas à la question. Nous n’avons pas demandé le taux de promotion par sexe mais combien de temps en moyenne passe-t-on d’une catégorie à une autre selon le sexe.
CFDT : Existe-t-il une marge de négociation pour les salaires lors d’un recrutement ?
DRH : Oui, pour les postes d’encadrement il existe une petite marge de négociation en fonction de l’expérience professionnelle du candidat. Pour les postes d’employés, il y a application de la grille définie au national.
CFDT : Existe-t-il dans l’entreprise des plans de carrière visant à résorber les inégalités structurelles dans l’emploi et les carrières hommes/femmes ?
DRH : Il n’existe pas de plan de carrière à proprement parlé mais des démarches comme par exemple « Mixité » mise en place à Auchan qui vise 3 objectifs :
- Permettre aux femmes de se développer et de définir leur projet professionnel au regard de leur projet de vie,
- Faire réfléchir les femmes sur ce que l’entreprise doit mettre en œuvre pour développer le nombre de femmes à des postes de direction,
- Rencontrer des personnalités en interne et en externe pour échanger avec elles sur leur regard concernant l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
CFDT : Le nombre de femmes recrutées est-il au moins proportionnel avec celui des diplômées et qualifiées dans la filière ?
DRH : On a bien noté la question, cependant nous n’avons aucun élément nous permettant d’apporter un quelconque éclairage la dessus.
CFDT : Pourquoi ne pas mettre en place une politique de rémunération claire et lisible donnant l'accès aux grilles de salaires (employé, agent de maitrise, cadre) à tous ?
DRH : Ce n’est pas une question du ressort du CE des services centraux. C’est une question à poser au national.
Commentaire CFDT : Rien n’empêche de répondre au CE des services centraux.
CFDT : Appliquez-vous le rattrapage du salaire suite à un congé maternité (neutralisation) ? (Augmentations générales et individuelles perçues par les salariées de la même catégorie professionnelle)
DRH : Pour les employés, les augmentations collectives ou de grilles s’appliquent également aux salariées en congés maternité, et pour les membres de l’encadrement l’augmentation de salaires est au minima celle prévue pour l’année considérée. De plus, nous rappelons que l’absence maternité n’entraîne plus de minoration de la RVI (4 mois).
Commentaire CFDT : La loi de 2006 neutralise l’impact du congé maternité sur la rémunération. Ce congé est considéré comme du temps de travail effectif à ce niveau. Il ne doit avoir aucun effet négatif sur la rémunération. Nous avons soumis à la DRH des cas dont le congé maternité avait impacté la rémunération, nous attendons de voir comment cela sera traité.
Pour toutes questions ou remarques, contacter vos délégués au CE:
18:12 Publié dans Comité d'Etablissement (CE), Egalité - Diversité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : management, égalité, hommes, femmes, salaires, recrutement, évolution de carrière, rémunération | | Facebook | |
14/12/2012
Questions CFDT en réunion DP Auchan Centrale du 16/11/12
CFDT : Nous sommes déjà intervenus plusieurs fois à propos du CSP compta fournisseurs et de ses méthodes managériales très particulières : discours culpabilisants, infantilisation, incitation à la démission, flicage, humiliations publiques... Des salariés ont été contraints de falsifier leur pointage pour qu'on leur retire des heures ! Le responsable du service a jeté un verre d'eau à la figure d'une employée lors d'une réunion ! etc... etc... Différents faits précis et détaillés vous ont été transmis. Quelles mesures avez-vous prises ?
DRH : Une étude est en cours pour vérifier les faits. Si nous constations des comportements fautifs, nous prendrions les sanctions adéquates. Le cas échéant, ces décisions ne pourraient vous être communiquées.
Commentaire CFDT : Dans cette affaire, la DRH a commencé par chercher à étouffer les choses. Les conclusions doivent nous être transmises ainsi que les décisions pour que nous puissions vérifier que les problèmes ont été correctement traités dans le respect du droit. La DRH devra nous communiquer cela, d’une manière ou d’une autre.
CFDT : Dans Ph@re, est-il normal qu'un manager inscrive une critique sur une compétence non demandée dans la fonction du salarié ?
DRH : Le manager, comme le collaborateur, doivent inscrire pour chaque compétence, les éléments qui s’y rapporte. La cohérence de ce qui est inscrit dans les autres parties de l’entretien est également importante. Néanmoins, dans ce type d’exercice d’évaluation, la liberté doit être laissé au manager de permettre au collaborateur de s’évaluer sur des compétences ne correspondant pas à son métier, ou de prendre l’initiative de le faire, s’il estime que c’est pertinent de le faire (projet d’évolution, missions,…).
Commentaire CFDT : Réponse alambiquée pour au final ne pas répondre à la question.
Le manager doit évaluer uniquement les compétences qui relèvent de la fonction du salarié. Le salarié, s’il le souhaite, peut s’auto-évaluer sur des compétences extra-professionnelles ou antérieures, mais le manager n’a pas à faire de commentaire là-dessus car il n’a pas les moyens d’être pertinent à ce niveau.
CFDT : Quand il y a de gros écarts entre l'évaluation du salarié et celle du manager (et donc désaccord), quel est le recours ?
DRH : Le collaborateur fait son autoévaluation dans l’entretien. Le manager indique son évaluation. A la suite de cela, l’un et l’autre peuvent réagir en ajoutant des commentaires qui sont mémorisés dans l’outil. Au final, comme dans d’autres situations de cette nature, le collaborateur qui souhaiterait exprimer plus fortement son désaccord, peut rencontrer son N+2 ou les Ressources Humaines.
Nous rappelons que l’entretien de développement individuel doit permettre au collaborateur de détecter ses axes d’amélioration pour continuer à se développer professionnellement. L’enjeu est donc très différent de l’entretien d’activité, qui permet d’évaluer le professionnalisme et débouche sur d’éventuelles revalorisations de salaires et d’éventuels changements de tenue de fonction.
CFDT : Quelles sont les conséquences d'un congé maternité sur la GDI et sur la réintégration de la GDI au 1er septembre pour une salariée de niveau A ou B ?
DRH : Au moment où la personne part en maternité, le cycle est clôturé. Le versement de la prime est alors calculé sur le nombre de mois effectués sur le cycle. Un nouveau cycle de 12 mois est immédiatement ouvert ; celui-ci est prolongé de la durée de l'absence maternité.
Concernant la réintégration, les principes sont les mêmes que pour les autres collaborateurs : nous avons intégré sur la base des primes réelles perçues. Il peut arriver que pour certaines personnes, il faille corriger l'intégration car celle-ci est assise sur une prime clôturée par anticipation (soit pour une maternité, soit pour un changement de métier) ; dans ces cas, le service du personnel a la main pour corriger à la hausse l'intégration.
Commentaire CFDT : La loi de 2006 neutralise l’impact du congé maternité sur la rémunération. Ce congé est considéré comme du temps de travail effectif à ce niveau. Il ne doit avoir aucun effet négatif sur la rémunération. Des cas ont été soumis, nous attendons de voir comment cela sera traité.
CFDT : Les forfaits jours sont censés être réservé aux salariés de l'encadrement non-soumis aux horaires collectifs et ayant une autonomie dans la gestion de leur temps. Dans quelle mesure un manager peut-il imposer un horaire à des cadres en forfaits jours (faisant déjà environ 40 à 42h en moyenne par semaine) avec pour unique justification l'image du service ?
DRH : Un cadre au forfait jours n’a pas d’horaires planifiés. Il est sur un forfait jour. De fait, on ne lui impose pas d’horaires. Néanmoins, son activité conditionne ses horaires. S’il est manager, il doit être présent aux plages où ses collaborateurs le sont, s’il répond à un service, il doit être présent pour répondre aux utilisateurs. L’image du service ne pourrait être retenue que dans ce cadre là.
Commentaire CFDT : Ce n’est pas le cas, donc les demandes de ce type dans certains services, sortent bien du cadre légal.
Pour toutes questions ou remarques, contacter vos délégués du personnel :
David Jean-Luc Marcelino Grégory
12:34 Publié dans Délégués du personnel (DP) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : harcèlement, sanctions, management, entretien individuel, gdi, congés, femmes, forfait jours | | Facebook | |
19/11/2012
Méthodes managériales inadmissibles au CSP Compta Fournisseurs Auchan !
De graves faits ont été révélés mettant à jour un système managérial reposant sur la soumission et la peur.
Discours culpabilisants, chantage affectif, infantilisation, incitation à la démission, flicage, humiliations publiques…
Dans ce service, le code du travail est ignoré !
Les responsables de ce CSP ont dépassés les limites :
- Le responsable du service qui jette un verre d’eau à la figure d’une employée lors d’une réunion d’équipe !
- Les managers qui organisent un "tribunal publique" pour tenter de faire conspuer une salariée par l’ensemble de l’équipe !
- des managers ayant contraint des salariés à falsifier leur relevé de pointage pour leurs retirer des heures !
- Des salariés subissent des pressions pour n'avoir pas participé à des jeux ou des animations du service, pour ne pas se déguiser ou ne pas suffisamment applaudir quand on leur demande et ne pas se soumettre aux gages... En les pénalisant sur la prime métier alors que tout cela n’entre pas dans le contrat de travail !
Et il y a encore beaucoup à dire...
Tout cela derrière une fausse ambiance de convivialité et dans un contexte où Auchan ne respecte pas ses obligations légales en matière d’évaluation des risques psycho-sociaux.
La CFDT ne laissera pas de telles méthodes se développer !
Le 15 octobre, nous avons alerté la DRH. Elle est intervenue auprès des managers, mais n’a pas pris pour autant les mesures à la hauteur des faits.
La faiblesse du traitement, face à des fautes aussi graves, met en évidence des inégalités injustifiables entre salariés.
La direction cautionne-t-elle ainsi ces comportements illégaux ?
Contact : cfdt.auchan.centrale@free.fr
06 22 14 02 01
18:24 Publié dans Actions syndicales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : risques psychosociaux, harcèlement, management | | Facebook | |
07/06/2009
Revue CFDT Cadres : Lignes de tensions
La CFDT a toujours porté un syndicalisme de réflexion et de créativité sociale.
La revue trimestrielle éditée par la CFDT Cadres, publie des articles de fonds sur des sujets précis. Celle de Mai 2009 est intitulée « Lignes de tension ».
La crise économique est un révélateur des tensions qui traversent le monde du travail. Tensions économiques avec les fermetures et les centaines de milliers de chômeurs supplémentaires depuis six mois. Tensions sur les salaires avec le scandale des rémunérations patronales. Tensions sociales avec les séquestrations de cadres et un dialogue social toujours plus difficile. Le tableau est sombre, même si on peut voir dans ce grand bouleversement les prémisses d’évolutions profondes de nos économies et de nos sociétés en direction de modes de croissance plus durables.
Nous avons sélectionné 5 sujets :
Ancien directeur d’études et de pôle à Entreprise et Personnel, aujourd’hui consultant, Xavier Baron a vécu deux expériences professionnelles comme responsable RH en entreprise. Il a notamment publié dans notre revue « Les licenciements pour motifs personnels. Un nouvel outil de gestion ? »
Le formidable mouvement normatif porté par le courant de la qualité et le néo management n’est pas seulement le bouquet final d’un taylorisme simplement paré d’habits neufs. Il le dépasse.
Le « scientifiquement correct » est débordé par le « toujours mieux ». Le commandement dans la relation de subordination salariale est relayé (transcendé) par l’injonction de se conformer aux normes. Ces normes ne sont plus édictées au nom de la science (relative) ou d’un rapport de force dont la légitimité peut toujours être questionnée. Elles sont imposées au nom de l’intérêt supérieur du client érigé en référent ultime du sens. Chacun est même invité à les élaborer tant il est « évident » que le client/Dieu est incarné en chacun de nous, simple salarié/mortel. L’appel au leadership, du coup, revient en force. Le pouvoir légal rationnel du responsable hiérarchique ou l’autorité traditionnelle du chef s’effacent. Priment désormais, l’animation managériale et les conseils du « guide » (le coach), pour respecter les injonctions de tous ceux qui peuvent interpréter les oracles (enquêtes qualité) et les signes (marketing) de la volonté de l’Entité externe à l’entreprise qui donne sens à notre existence : le Client. Loué soit son Nom ! La suite…
2 - Le salarié sous tension. Enquête sur le mal-être français. Francis Karolewicz
Francis Karolewicz est consultant en ressources humaines. Il a publié avec Bernard Calisti RH et développement durable. Une autre vision de la performance (Editions d'Organisation, 2005), et dans le n°429 de notre revue « Vers un écomanagement. Une autre manière de gérer les ressources humaines ».
La France a l’un des taux d’absentéisme et d’utilisation d’antidépresseurs les plus élevés d’Europe. Pourtant les enquêtes auprès des salariés des TPE de moins de 20 salariés montrent une satisfaction supérieure à 80% avec une très forte motivation. D’où provient donc ce mal-être français ? Est-ce une maladie qui se répand plutôt dans les grandes entreprises ? En effet, une partie importante des salariés ne se sent pas reconnu par le management tant sur le plan de la rémunération que sur le plan de l’évolution de carrière. D’autre part, il y a une perte de confiance de plus en plus forte dans la gouvernance de l’entreprise et la fierté d’appartenance n’est plus un vecteur de motivation au travail. Pour finir, la pression du résultat, la schizophrénie des systèmes et l’augmentation croissante de la charge de travail entraînent des troubles somatiques et physiques de plus en plus nombreux chez les salariés de tous niveaux confondus. La suite…
Francis Ginsbourger est intervenant dans les organisations, chercheur associé au Centre de gestion scientifique MinesParisTech. Il a notamment publié Des services publics face aux violences (Anact, 2008), et dans notre revue « Quand dé-localiser fait partie du travail » (n°432), ainsi que « Le concept d’organisation à l’ère des services » (n°428).
Ce médecin du travail et psychiatre décrit des cas de tensions dont certaines éclatent en conflits, cependant que d’autres implosent en troubles psychiques et psychosomatiques. « Craquages », crises et dépressions, fatigue et stress, écrit-il, aucun colloque ou table ronde ne manque plus d’évoquer ce qui apparaît comme une pathologie de notre époque. Peut-on accréditer cette idée pernicieuse que ce seraient d’inévitables contreparties « normales » de la vie moderne, que chacun n’aurait qu’à s’en arranger pour trouver son sédatif préféré - qui dans les tranquillisants, qui dans l’alcool, qui dans les programmes de télé ? Ne faut-il pas plutôt tenter d’appréhender les atteintes à la santé secrétées par les organisations et l’idéologie qui les justifie, de décrire les mécanismes individuels ou collectifs qui servent à se défendre de ces atteintes, de cerner les bénéfices primaires ou secondaires qui permettent d’y adhérer ? La suite…
4 - Managers et syndicalistes face au stress. Repères pour l'action. Laurent Mahieu
Laurent Mahieu est secrétaire national de la CFDT Cadres. Cet article reprend une intervention prononcée en octobre 2008 aux États généraux du management, sous l’égide de la Fondation nationale pour l’enseignement de la gestion des entreprises.
Depuis 2000, le stress a pris une telle importance que les représentants des employeurs, jusque-là très réticents, ont dû accepter d’importantes négociations interprofessionnelle sur le stress au travail. L’acteur syndical, sur la question du stress comme sur d’autres, intervient à différents niveaux : l’intervention dans les entreprises et la formation de ses militants, l’implication dans les institutions paritaires au sens large, la négociation, à quelque niveau que ce soit, et la concertation dans le champ de l’action publique. Ce sont autant de fenêtres pour observer le lien entre management et stress. Concernant plus particulièrement les cadres que nous représentons, la triple dimension de leur responsabilité professionnelle est interpellée : pour eux-mêmes, pour les projets qu’ils élaborent et les processus qu’ils gèrent, pour leurs collaborateurs. Refusant la logique d’individualisation des problèmes qui voit les entreprises se défausser sur les personnes, une action collective n’est pas seulement possible, elle est nécessaire. La suite…
5 - Rémunérations des dirigeants. Un débat tronqué. Hervé Joly
Hervé Joly est chercheur au CNRS (Université Lyon 2). Il a soutenu en 2008 à l’EHESS une habilitation à diriger des recherches avec un dossier intitulé « Dirigeants d’entreprise et élites économiques en France et en Allemagne au XXe siècle. Formation, trajectoires individuelles et stratégies des firmes ».
Les scandales autour des rémunérations ou des indemnités versées aux dirigeants de grandes entreprises se multiplient. L’idée que le patron d’une firme qui fait appel à l’aide publique ou supprime massivement des emplois puisse bénéficier de plusieurs millions d’euros de bonus ou de parachute doré choque. Mais il a fallu une crise grave pour que ces revenus considérables fassent véritablement débat. La connaissance récente de ce qui relevait autrefois du secret des affaires n’avait jusqu’alors guère suscité de réactions. Selon une justification régulièrement donnée, il n’y aurait aucune raison qu’un patron d’une entreprise du CAC 40 gagne moins qu’une vedette du sport, du cinéma et de la chanson ; lui aussi appartiendrait à une élite issue d’une sélection très étroite. Vraiment ? La suite…
Bonne lecture
12:45 Publié dans Cadres, Infos générales | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : revue cadres, risques psychosociaux, stress, management, rémunération | | Facebook | |
13/10/2008
Livre : «L'open space m'a tuer»
«L'open space m'a tuer», Alexandre des Isnards et Thomas Zuber, Hachette Littératures.
http://www.lopenspacematuer.com
Un livre original qui grince avec humour sur les travers du « New Management » : absence apparente de hiérarchie, tutoiement, séminaire de «teambuilding», gestion des ressources humaines par l’affectif...
Quelques explications d’Alexandre des Isnards (un des auteurs du livre) recueillies par David Carzon pour le journal 20minutes.
Qu’est-ce qui ne fonctionne pas?
Ce qui est en cause, c’est le management en mode projet, où l’autonomie se transforme en solitude, les cadres se sentent seuls dans ce système. Il y a perte de sens et de repères. Tout le monde dit s’épanouir dans cette culture du cool où on se doit d’être enthousiaste, mais c’est une façade.
Ce management se dit plus humain, plus épanouissant. Quelle est la réalité, quels en sont les ressorts?
Il faut laisser la personne face à son projet et juste l’orienter au cas où. Sur le papier, c’est très sympa, mais ça ne l’est pas. Le manager n’aide pas, il n’y a pas de travail collectif. Dans les grandes entreprises, il faut sans arrêt se réinventer un projet ou son métier. Si on n’en a pas, on n’a plus rien à faire, on devient responsable de son inactivité. Tout se gère sur le côté affectif, on ne donne plus d’ordres car on devient responsable de cet ordre et donc du possible échec. Il faut laisser l’employé seul responsable. C’est un système qui fonctionne sans hiérarchie apparente. Un «bon» manager qui veut survivre n’a pas intérêt à s’impliquer dans un projet.
Peut-on encore faire carrière?
Les entreprises attirent les salariés en leur disant qu’en travaillant chez elles, elles pourront mieux se vendre ailleurs. Il faut donc se fabriquer une image de marque pour être employable, il faut jouer un personnage, donner l’image de quelqu’un d’épanoui… C’est une comédie du bonheur mais un jeu fatigant. Les cadres qui tirent leur épingle du jeu sont ceux qui ont compris par exemple qu’une évaluation ne se fait pas sur des critères objectifs, mais en sachant vendre son travail au bon moment.
Quel est le rôle de l’open space dans cette comédie?
Les gens sont amenés à jouer leur rôle constamment puisqu’ils sont tout le temps sous le regard de la communauté. L’open space permet une forme d’auto-surveillance: les gens intériorisent la norme en fonction des autres et ils s’autolimitent. Cela permet aussi de détecter ceux qui sont dans l’esprit ou non. Cela permet aussi de faire du management par le déménagement en testant la résistance des employés aux changements.
La société du mérite devrait se traduire dans le monde de l’entreprise. Est-ce le cas?
Non, car le mérite se fait en fonction de l’évaluation et cette évaluation se fait sur l’image de marque que le salarié s’est construite. La nouveauté, avec le travail en mode projet c’est que la notion d’«expérience» disparaît. A chaque nouveau projet, on remet les compteurs à zéro, on oublie ce qui a été fait avant et d’ailleurs, on est souvent jugé par une personne qui ne sait pas ce que vous avez fait avant. De plus, on présente chaque nouveau projet comme une grande aventure au sein de l’entreprise, mais on oublie souvent d’intéresser les gens financièrement.
Le manque d’ambition est-il une forme de résistance?
Les salariés se rendent compte de plus en plus tôt que ça ne vaut pas le coup de s’investir à fond pour si peu de retombées. C’est une conséquence de cette absence de projet commun entre l’entreprise et les cadres.
A lire également l’article de Stéphane Haefliger sociologue, sur le Psy-Management.
21:02 Publié dans Infos générales | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : livres, management, open-space | | Facebook | |
25/02/2008
Formations "développement personnel"
Stéphane Haefliger
Sociologue, chargé de cours MBA-HEC, université de Lausanne
De leurs salariés, les entreprises attendaient autrefois qu’ils soient tout simplement présents. Désormais, elles exigent d’eux qu’ils se montrent transparents. Hier, c’étaient les corps et les mouvements dans les usines que Frédéric Winslow Taylor et Henry Ford traquaient. Dorénavant, ce sont les valeurs des collaborateurs, leurs croyances, leur intériorité, leur personnalité qui sont convoitées. Une évolution sociologique majeure. Sous l’influence du management postmoderne, la frontière entre la sphère privée et la sphère publique devient un enjeu de lutte historique (…)
Lors d’entretiens spécifiques (d’embauche, d’évaluation, de correction, de licenciement), les entreprises s’autorisent ce qui était interdit autrefois : interroger pseudo scientifiquement le collaborateur sur ses valeurs personnelles, son psychisme, son intimité. (…)
Le « soi » n’est plus uniquement à soi. Il est devenu terrain de conquête de l’entreprise. (…)
L’analyse transactionnelle (AT), la programmation neurolinguistique (PNL), le coaching centré sur la personne, l’ennéagramme (modèle empirique de la structure de la personnalité humaine articulé en neuf types) meublent tous les catalogues de formation des entreprises, même les plus conservatrices et les plus frileuses. (…)
Sont également légion les stages de psychologie de la réussite, de méditation, de libération d’énergie positive, de futurisation, de management de soi-même, d’assertivité (affirmation de soi), de gestion des conflits, d’identification des croyances " limitantes ".
Le management postmoderne est résolument un " psy-management ". Il est devenu évangélique.
Les cours proposés ne poursuivent donc plus de banals objectifs de formation, mais bien des objectifs de transformation de l’individu. Rappelons pour mémoire – cum grano salis – que formation et performance partagent la même racine étymologique. " Enrichir le vécu des collaborateurs, développer leur écoute, stimuler leur créativité "... autant de nobles objectifs poursuivis par les managers contemporains.
Les salariés ne sont évidemment pas dupes de ce mouvement pervers. Ils comprennent aisément que ce management relève d’une stratégie destinée à “ mettre les individus au travail, les contrôler, les prendre au piège de leurs propres désirs, les manipuler, les séduire ”. La plupart savent très bien déjouer les stratagèmes et opposer des tactiques résistantes à cette transparence nécessaire et à ce dévoilement obligé. Ils sentent intuitivement que ce management vise à abolir la distance entre le travailleur et l’entreprise et tente d’engendrer l’adhésion aux valeurs des organisations. Ils ne désirent pas suivre des cours de management de soi-même, ni enfin être psychanalysés sur leur lieu de travail. Ils savent pertinemment que l’entreprise ne leur offre pas un cadre de protection suffisant pour tout dire, tout montrer, tout dévoiler et donner accès à leur employeur au plus précieux d’eux-mêmes : leur identité de femme ou d’homme.
Origine : Le monde diplomatique
Voir également la question CFDT au CE du 25/01/08 concernant des contenus de formations quelque peu particuliers
Et la question au CE du 25/04/08
12:25 Publié dans Infos générales | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : formation, management, développement personnel | | Facebook | |